En prévision du pire

la chemise que tu as laissée

sous une autre lumière

s’approche très près de la menace

on la dirait légère

une si légère menace

autour de l’été

d’un côté comme de l’autre

rien ne se dérobe au répertoire

la ville est là qui m’observe

je n’ai plus rien à me mettre

que des désordres te souviens-tu ?

 

 

avec juste ce qu’il faut de maquillage

j’ai tassé tous les livres

je sens que je m’approche de quelque chose

on dirait oui

sur le point d’éclaircir le monde

par certaines choses fragiles

 

 

le soleil éclabousse souvent

sa routine sur nos erreurs

comme l’animal se traîne

l’arène appelle ses hommes

malgré les bruits du dortoir

pareille aux couleurs du sud

je ne suis pas pressée

j’ai déjà trois morts devant ma porte

on me regarde c’est sans importance

il n’y a pas de huitième jour

pour réparer le désastre

Référence bibliographique

Tania Langlais, « En prévision du pire » (extraits), Douze bêtes aux chemises de l’homme, Montréal, Les Herbes rouges, coll. « Territoire », 2005 [2000], p. 68-70.

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